Oscars 2023: films intimistes dans une sélection par la comédie de SF

le 24/01/2023 à 21:30

 Temps de lecture : 5 min.

Une réplique de la statuette des Oscars. (BEATA ZAWRZEL / NURPHOTO)

Une réplique de la statuette des Oscars. (BEATA ZAWRZEL / NURPHOTO)

Blockbusters, biopics, Cate Blanchett, Michelle Yeoh, Tom Cruise, Colin Farrell, Brendan Gleeson et Steven Spielberg sont en tête de liste de la 95e sélection des Oscars annoncée mardi 24 janvier à Hollywood. C’est la comédie de science-fiction Everything, Everywhere All at Once de Daniel Scheinert et Daniel Kwan qui remporte le plus de nominations avec onze statuettes potentielles au total.

Etrangement (?), deux films majeurs ne se retrouvent pas dans cette sélection, du moins dans les catégories principales : Babylon de Damien Chazelle, et She Said de Maria Schrader, dont les sujets tournent justement autour de la Mecque du cinéma. Etonnant, non ?
 

Les films les plus nommés : éclectisme


Les onze nominations pour Everything, Everywhere All at Once placent le film de Daniel Scheinert et Daniel Kwan en tête des longs métrages retenus par l’Académie des Oscars pour cette 95e cérémonie. Ce film, qui raconte l'histoire d'une propriétaire de laverie plongée dans des univers parallèles, devance notamment le long-métrage allemand A l'Ouest rien de nouveau (9 nominations), la tragicomédie irlandaise Les Banshees d'Inisherin (9 nominations), le biopic Elvis sur la légende du rock'n'roll (8 nominations), et le très intime The Fabelmans de Steven Spielberg (7 nominations).

Des oubliés significatifs

Il est très étonnant de voir des films événement et de grande stature comme Babylon de Damien Chazelle, sur la vie tumultueuse et scandaleuse du Hollywood au tournant du muet au parlant, et She Said de Maria Schrader sur l’affaire Weinstein, expurgés des sélections phare de ce cru 2023. Est-ce la teneur sulfureuse du film de Chazelle sur Hollywood, qui est un flop au box-office américain, et le malaise dans la profession faisant suite à l’incarcération du producteur Harvey Weinstein pour viols et harcèlement sexuel, qui ont conduit à de tels oublis ? La coïncidence est troublante.

Meilleurs films : les blockbusters

La nouvelle adaptation de A l'Ouest, rien de nouveau d’Edward Berger d’après Erich Maria Remarque, produit par Netflix (avec l'Allemagne et la Grande-Bretagne), ouvre le bal des nominés pour le meilleur film. Il est seulement visible sur la plateforme de screening (depuis octobre 2022), ce qui en ferait une œuvre non grata en France pour les César.

Le blockbuster de science-fiction de James Cameron, Avatar 2: la voie de l'eau ne récoltera sans doute, quant à lui, que des prix techniques. Everything Everywhere All at Once est une surprise dans cette catégorie, pour un film de science-fiction qualifié par d’aucuns de "déjanté". Elvis de Baz Luhrmann pourrait créer la surprise tant il est en phase avec son sujet, autour des rapports conflictuels entre le King et son manager. Surprise également de retrouver ici Top Gun : Maverick de Joseph Kosinski, troisième opus d’une franchise dans la continuité de ceux qui l’ont précédé.

Meilleur film : les œuvres intimistes

Les Banshees d'Inisherin de Martin McDonagh est un sacré challenger, même s’il reste très dialogué et assez théâtral. The Fabelmans de Steven Spielberg est un auto-biopic dont la sortie est attendue en France le 22 février. Tàr de Todd Field est un formidable portrait de femme piégée par sa passion irraisonnée pour son métier de cheffe d’orchestre. Le film pourrait valoir l’Oscar de la meilleure actrice décerné à Cate Blanchett. La Palme d’or à Cannes en 2022, Sans filtre, du Suédois Ruben Östlund est également de la partie, en suscitant toujours autant de clivage entre amateurs et désapprobateurs du réalisateur. Enfin Women Talkin, attendu le 8 mars en France, traite d’une communauté religieuse cherchant l’harmonie entre foi et vie quotidienne.

Meilleur réalisateur : consécration pour Ruben Östlund ?

L’on retrouve logiquement les réalisateurs présents dans la catégorie Meilleur film dans la liste des meilleurs réalisateurs. Il s’agit en premier lieu du Britannique Martin McDonagh pour Les Banshees d'Inisherin, chez lequel l’on sent une fibre toute théâtrale.  Daniel Kwan et Daniel Scheinert sont à la tête de Everything Everywhere All at Once, et se retrouvent dans cette prestigieuse catégorie pour leur premier film de cinéma. Ils font ainsi face au vétéran Steven Spielberg qui est sur les rangs cette année pour The Fabelmans où il raconte sa jeunesse amoureuse de cinéma. Todd Field est nominé pour Tàr, à nos yeux le film phare de cette 95e sélection, pour son classicisme glaçant à l’image de son héroïne. Ruben Östlund se retrouve en lice pour Sans Filtre, Palme d’or à Cannes 2023, le Suédois brillant par la sophistication de ses mises en scène, après The Square (Palme d’or 2017).

Etonnante demeure l’absence de Baz Luhrmann qui signe sans doute avec Elvis son meilleur film, à ce jour.

Meilleure actrice : Cate Blanchett superstar

La catégorie Meilleure actrice est dominée par Cate Blanchett qui brigue une troisième statuette pour Tàr, après ses rôles dans Blue Jasmin (Woody Allen, 2013) et Aviator (Martin Scorsese, 2004).

Ana de Armas est nommée pour son incarnation très convaincante de Marylin Monroe dans son biopic Blonde d’Andrew Dominik, seulement visible sur Netflix. Michelle Williams a été retenue pour The Fabelmans, encore inédit en France, et Michelle Yeoh, pour sa performance "hallucinante" dans Everything Everywhere All at Once, où elle campe une blanchisseuse projetée dans des univers parallèles.

Meilleur acteur : Colin Farrell sans Brendan Gleeson

Austin Butler, vu dans Once Upon a Time… in Hollywood de Quentin Tarantino, et attendu dans Dune 2, est sur les starting-blocks pour son rôle-titre d’Elvis, où il incarne un King plus vrai que nature confronté au Colonel Parker, son imprésario. Colin Farrell concourt pour, Les Banshees d'Inisheri, mais l’on comprend mal pourquoi son partenaire Brendan Gleeson n’est pas à ses côtés, dans un rôle de même ampleur, ou à peu près, où il est remarquable.

Brendan Fraser est nommé pour son rôle de prof reclus dans The Whale, attendu en France le 8 mars. Paul Mescal est lui sélectionné pour son rôle de père dans l’intimiste Aftersun, de Charlotte Wells, qui sort en France le 1er février. Enfin Bill Nighy, est retenu à juste titre pour son rôle d’employé qui plaque tout dans Vivre d’Oliver Hermanus.

Meilleur film international : la France absente

Saint-Omer d’Alice Diop, sélectionné pour représenter la France aux Oscars dans la catégorie Meilleur film international, n’a pas été retenu par l’Académie. L’on y retrouve A l'Ouest, rien de nouveau, coproduction à majorité allemande, avec les Etats-Unis et la Grande Bretagne, diffusé sur Netflix. Argentina, 1985, de Santiago Mitreun voit un avocat diriger une équipe inexpérimentée contre les dirigeants de la dictature militaire argentine. L’excellent Close vient de Belgique, signé du réalisateur belge Lukas Dhont, sur la séparation de deux jeunes amis d’enfance suite à un drame. Le prix du jury (ex aequo) du Festival de Cannes, le sublime EO du Polonais Jerzy Skolimowski, figure comme il se doit parmi les meilleurs films étrangers de l’année.

Enfin The Quiet Girl de l’Irlandais Colm Bairéad raconte l’histoire d’une petite fille effacée et négligée par ses parents qui va faire une découverte d’une vérité douloureuse.

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