le 20/10/2024 à 18:40
Tout commence en 1863 à Bastia. Un pharmacien de Bastia du nom d’Angelo Mariani crée une boisson à laquelle il donne son nom : le vin Mariani, un mélange de vin rouge de Bordeaux et de feuilles de coca, elle est vendue comme un anti-douleur. Doublé d’un énergisant, évidemment, puisque ce sont des feuilles de coca qu’on extrait la cocaïne.
Très vite, parce que Mariani est aussi un fin commerçant avec des dons de publicitaire indéniable, sa boisson a un succès phénoménal en France où des personnalités comme Émile Zola, Colette, Sarah Bernhardt ou Jules Verne en vantent les mérites. À son apogée le vin Mariani se vend jusqu’à dix millions de bouteilles par an et son succès dépasse nos frontières, il arrive même jusqu’au Vatican. Le Pape d’alors, Léon XIII, en avait, paraît-il, une petite fiole constamment pour lui. Il lui avait d’ailleurs décerné une médaille d’or officielle en remerciements pour ses bienfaits.
Le vin Mariani arrive aussi aux États-Unis où un autre pharmacien le repère, il s’appelle John Pemberton. Il est installé à Atlanta en Géorgie et dans son laboratoire il essaye de mettre au point un élixir qui l’aiderait à sortir de l’addiction à la morphine qu’il a développée suite aux traitements de ses blessures pendant la Guerre de Sécession.
Du French Wine Coca au Kola
En 1885, John Pemberton commercialise une boisson, le French Wine Coca dont le nom et la composition ne laissent guère de doute sur sa source d’inspiration : le vin Mariani. Il n’était pas breveté, sa formule n’était pas protégée donc Pemberton aurait eu tort de se priver. Mais Pemberton y rajoute quand même sa petite touche personnelle : des extraits de noix de kola, riche en caféine. Manque de chance pour lui, la prohibition frappe alors aux États-Unis. Enfin manque de chance de prime abord mais coup de bol incroyable au final…
Obligé de supprimer l’alcool de sa boisson, il remplace le vin par de l’eau gazéifiée et en change forcément le nom. Il garde Koka, mais retire French Wine et le remplace par Kola. Le Coca-Cola est né. Sa recette ne changera plus à part la cocaïne totalement retirée au début du 20ème siècle. Il faut dire qu’un verre en contenait jusque-là 9 milligrammes et à vue de nez, c’était beaucoup trop pour les autorités américaines.
Et du vin Mariana au Coca-Cola
Et le vin Mariani dans tout ça ? Il a eu moins de chance, à cause de l’alcool et de la cocaïne qu’il contenait, il fut interdit en France ce qui causa sa disparition définitive. Même si en 2014, un restaurateur de Corse a essayé de le relancer sous la forme d’un apéritif du nom de Coca Mariani. Essayé car, ironie du sort, Coca-Cola qui s’est donc inspiré du Vin Mariani l’a attaqué pour l’empêcher d’employer le nom "Coca". Soi-disant au risque de confusion des marques.
À Atlanta, on ne plaisante pas avec sa poule aux œufs d’or, une boisson dont chaque seconde 17.360 bouteilles sont vendues dans le monde. Soit 1 milliard 500 millions de bouteilles par jour et 547 milliards par an. Et pour la protéger, Coca-Cola a rajouté dans sa recette, un ingrédient implacable pour dissuader les éventuels copieurs : de l’avocat, beaucoup d’avocats.