L’agriculture bio va recruter à tour de bras

le 07/10/2020 à 00:12

 

Président de la Fédération du bio, Guillaume Riou plaide pour la belle responsabilité des producteurs bio français, qui doivent recruter et innover pour répondre à la demande des consommateurs.

Guillaume Riou, président de la Fédération nationale de l’agriculture biologique.

 

Pour Guillaume Riou, président de la Fédération nationale de l’agriculture biologique (Fnab) et polyculteur-éleveur dans les Deux-Sèvres, le bio est « sorti du marché de niche » et a devant lui de belles années à venir, tant en termes d’innovation que d’emploi.

Comment va le bio ?

La croissance du bio est désormais continue, nous sommes sortis du marché de niche. Le rythme de croissance du chiffre d’affaires est de + 1 à + 1,5 milliard par an : fin 2019, le bio représentait 12,5 milliards. Dans cinq ans, nous en serons à 20 milliards. La transition écologique est en marche, tout le monde en est bien conscient. Nous aurons cependant bien du mal à atteindre l’objectif fixé de doubler le bio d’ici à la fin du mandat, pour atteindre 15 % de la surface agricole utile (SAU) : aujourd’hui, nous en sommes à 8,5 %, peut-être arriverons-nous à 10 ou 11 % de la SAU, en 2022.

Qu’est-ce qui coince ?

Les conversions en bio se font au rythme d’environ 300 000 ha/an. Pour tenir l’objectif du gouvernement, il en faudrait le double ! Mais attention, restons vigilants, ça peut s’essouffler. Nous avons besoin de signaux forts des pouvoirs publics pour nous soutenir. Aujourd’hui, beaucoup de jeunes s’installent en bio : le bio recrute ! Nous avons besoin de salariés. Mais il va aussi falloir renouveler le monde paysan : 50 % de départs dans les dix ans… 10 millions d’hectares vont être libérés ! Cela peut représenter 100 000 fermes de 100 ha… Ça en fait du monde et des emplois. C’est un bel enjeu d’aménagement du territoire, de socioéconomie du monde rural… Autre point fort, le bio attire les femmes : elles représentent un bon tiers des nouvelles installations.

Quels sont les enjeux de demain ?

Zéro pesticide, ça veut dire de la mécanisation alternative. Beaucoup d’innovations et de recherches sont en cours : binage du maïs et des céréales guidé par GPS, etc. Il nous faut, aussi, structurer les filières. Avec la pandémie du Covid-19, c’est le phénomène marquant qui restera de 2020 : la santé, le bio, le bien-être animal, c’est ce qu’attendent désormais les consommateurs. Comment ne pas épointer le bec des poulets, pour qu’ils ne se blessent pas entre eux, par exemple ? On y réfléchit. Pas d’antibiotique, ça veut dire développer la phytothérapie préventive, etc. Le Gab (Groupement des agriculteurs biologiques) de Loire-Atlantique, de son côté, a testé l’abattage à la ferme, pour réduire le stress de l’animal.

Avec la massification, vous ne craignez pas un étranglement du marché ?

On peut craindre une déflation, oui. Mais pas un recul du bio. Pour le moment, il n’y a pas de déséquilibre, les prix restent soutenus. Et je ne suis pas du tout choqué de voir, dans les grandes surfaces, des produits bio au même prix que du conventionnel : tout le monde doit pouvoir avoir accès, désormais, au bio.

Je suis sûr que nous allons vers des changements profonds : l’alimentation ne représente plus que 13 % du budget familial, contre 26 % voilà soixante ans. Je pense que nous allons faire machine arrière. Avec le confinement, cette période d’introspection forcée, les consommateurs ont repris plaisir à cuisiner de bons produits, avec leurs enfants. La preuve : la demande en farine bio a explosé de 600 % ! Ça va laisser des traces. Comme pour les circuits courts : le bio et le local vont ensemble. Tout le monde s’interroge aujourd’hui : de quoi je me nourris ? Venez voir les paysans, venez leur parler. Le bio rassemble toutes ces promesses de changements de société. Et c’est une bien belle responsabilité…

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