Paris: fusillade dans le 10e arrondissement, au moins 3 morts

le 23/12/2022 à 17:19

Temps de lecture : 4 min.

Un dispositif de sécurité autour de la rue d'Enghien dans le 10e arrondissement de Paris, où une fusillade a eu lieu, le 23 décembre 2022. (THOMAS SAMSON / AFP)

Un dispositif de sécurité autour de la rue d'Enghien dans le 10e arrondissement de Paris, où une fusillade a eu lieu, le 23 décembre 2022. (THOMAS SAMSON / AFP)

Des coups de feu en plein centre de Paris. Au moins trois personnes sont mortes après avoir été touchées par des tirs, vendredi 23 décembre, vers midi, dans le 10e arrondissement de Paris. Un homme a été interpellé et placé en garde à vue, a annoncé le parquet de Paris. Franceinfo résume ce que l'on sait.

Un bilan provisoire de trois morts et trois blessés

Un premier bilan faisait état de deux personnes mortes, mais il s'est rapidement alourdi à trois morts, a annoncé la procureure de la République de Paris, Laure Beccuau, lors d'un point-presse sur place en début d'après-midi. Trois personnes sont blessées, dont une en urgence absolue, toujours selon elle.

Une enquête a été ouverte des chefs d'assassinat, tentatives d'assassinat, violences volontaires avec armes et infraction sur les armes. La brigade criminelle de la direction régionale de la police judiciaire parisienne (DRPJ) a été saisie pour poursuivre ces investigations, a précisé la procureure.

La maire du 10e arrondissement appelle à ne pas circuler dans la rue d'Enghien pour ne pas gêner les enquêteurs et annonce à La Nouvelle Edition l'ouverture d'une cellule psychologique.

Une fusillade devant un centre culturel kurde

Les faits se sont déroulés aux alentours de midi, rue d'Enghien, au niveau d'un restaurant, d'un salon de coiffure et d'un centre kurde, dans un quartier commerçant et animé. Le centre, baptisé Ahmet-Kaya, en hommage à un chanteur populaire, est l'épicentre de la cause kurde à Paris, qui concerne les Kurdes en Turquie, en Syrie, en Irak, mais aussi en Iran.

Ali, trentenaire, un habitué des lieux qui se trouvait à l'intérieur du centre au moment des faits, décrit à franceinfo des tirs très forts et brefs : "C'était comme des gros pétards." "On était dans la rue, on a entendu des coups de feu, témoigne un autre riverain auprès de franceinfo. On a vu des gens qui couraient à droite à gauche." Le témoin dit être "rentré dans le salon de coiffure" quelques minutes plus tard, puis avoir vu des "des gens interpeller" un individu "un peu âgé" et "grand".

"On a vu un vieux monsieur blanc rentrer et tirer dans le centre culturel kurde, puis il est allé dans le salon de coiffure à côté. On est réfugiés dans le restaurant avec les salariés", a témoigné Romain, le directeur adjoint du restaurant Pouliche Paris, dans la rue où a eu lieu la fusillade, joint par téléphone par l'AFP.

Depuis le triple assassinat des militantes kurdes de janvier 2013, dans le 10e arrondissement également, le centre culturel Ahmet-Kaya était sur le qui-vive, mais il n'y avait pas de dispositif de sécurité renforcé ces dernières années. Ce sont "sans doute des camarades, des gens qu'on connaît", témoignent des habitants à franceinfo. "On dénombre au moins trois militants kurdes décédés et plusieurs blessés, dont trois dans un état grave", a réagi le Conseil démocratique kurde en France.

Un homme de 69 ans interpellé

Un homme de 69 ans, de nationalité française, soupçonné d'être le tireur, a été interpellé et placé en garde à vue peu après les faits, a déclaré le parquet de Paris. "Blessé au visage", il est hospitalisé, "en état d'urgence relative", a précisé la procureure, qui s'est rendue sur place en début d'après-midi. Les motivations du suspect ne sont pas encore connues. "Les motifs racistes des faits vont évidemment faire partie des investigations qui viennent de débuter", a précisé Laure Beccuau.

Cet homme est connu des services judiciaires, a confirmé la procureure de la République de Paris. Il était sorti de prison le 12 décembre et était sous contrôle judiciaire, a appris franceinfo d'une source proche de l'enquête. L'homme avait porté des coups de couteau à un autre individu à son domicile en 2016. Il avait été convoqué pour être jugé pour violences volontaires avec arme par le tribunal judiciaire de Bobigny (Seine-Saint-Denis) fin 2021. Il avait été condamné, mais un appel avait été interjeté, selon la procureure de la République de Paris.

Peu de temps avant la date de l'audience, en décembre 2021, il s'en était pris à une dizaine de migrants dans un camp à proximité du parc de Bercy, dans le 12e arrondissement de Paris. Muni d'un sabre, il avait asséné plusieurs coups aux migrants, qui avaient répliqué en lui occasionnant également des blessures.

Le tireur a voulu "manifestement s'en prendre à des étrangers", a déclaré le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, qui a toutefois précisé ne pas connaître "les motivations exactes du tueur". D'après le ministre, qui s'est rendu vendredi après-midi dans la rue où ont eu lieu les tirs, le suspect n'était pas fiché "comme quelqu'un d'ultra droite". En outre, il était tireur dans un club et avait déclaré de nombreuses armes. "Nous devons vérifier s'il voulait s'en prendre spécifiquement à des Kurdes, mais aucun élément ne nous permet de le dire pour l'instant", a ajouté Gérald Darmanin. Néanmoins, le ministre de l'Intérieur a annoncé que les "lieux où se réunissent les membres de la communauté kurde" allaient être protégés et qu'il allait organiser une réunion vendredi soir pour étudier de près les menaces qui pèsent à l'encontre de cette communauté.

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