le 12/05/2024 à 10:03

La disparition des certaines enseignes de prêt-à-porter ― Camaïeu, San Marina… ―, a poussé les centres commerciaux à se réinventer. Pour les centres-villes, la situation est plus dramatique, souligne Jean-Guilhem Darré, délégué général du syndicat des indépendants et très petites entreprises.
La disparition d’enseignes du prêt-à-porter pénalise-t-elle davantage les centres-villes que les centres commerciaux ?
JEAN_GUILHEM DARRÉ. Oui. Un centre commercial attire les enseignes, il peut trouver une locomotive, même si ses loyers sont chers. En centre-ville, il faut se battre pour attirer du monde. C’est encore plus dur lorsqu’il existe un centre commercial de périphérie, qui bénéficie d’un effet de vase communicant.

«En centre-ville, il faut se battre pour attirer du monde», souligne Jean-Guilhem Darré. DR
Qu’observez-vous ?
La disparition de ces enseignes a des conséquences dramatiques, parce que ce sont des locomotives commerciales, qui drainent du monde et attirent d’autres commerces. Lorsqu’elles ferment, on entre dans un cercle vicieux. Je suis allé récemment à Bourg-en-Bresse (Ain). Le centre piéton, qui comptait un Pimkie, est désert. Trois commerces sur dix sont fermés. D’autres secteurs de la commune se développent, mais son centre-ville est en déshérence.
Quels moyens pour attirer de nouveaux commerçants ?
La loi permet aux communes de préempter des locaux, pour les proposer à prix modéré, et offrir un panel d’activités cohérent. Mais toutes les villes n’ont pas les moyens de le faire.
« Les consommateurs veulent acheter le moins cher possible, mais ils cherchent aussi de la proximité, du conseil, une offre non formatée. »
Jean-Guilhem Darré, délégué général du syndicat des indépendants et très petites entreprises
Quelles sont les solutions ?
Il faut s’adapter au consommateur, avoir une attractivité cohérente. C’est la raison pour laquelle nous sommes favorables au développement des managers de centre-ville, en charge de commercialiser les emplacements. Les consommateurs changent de comportement : ils veulent acheter le moins cher possible, mais ils cherchent aussi de la proximité, du conseil, une offre non formatée. Cela peut permettre de se démarquer, tout comme le fait d’être sur Internet. On regrette que les mesures avancées aujourd’hui par le gouvernement concernent surtout les centres commerciaux. Par exemple, on va mettre de l’argent public à leur disposition, pour la rénovation des entrées de villes, au détriment d’une réflexion sur le maintien des commerces du centre.