Ces géants de la technologie qui licencient à tour de bras

le 24/01/2023 à 19:40

Temps de lecture : 6 min.

Le siège social de Spotify à New York (Etats-Unis), le 23 janvier 2023. (VIEW PRESS / CORBIS NEWS / GETTY IMAGES)

Le siège social de Spotify à New York (Etats-Unis), le 23 janvier 2023. (VIEW PRESS / CORBIS NEWS / GETTY IMAGES)

Les géants de la tech dans le dur. La liste des multinationales de la technologie obligées de licencier s'allonge. Après Alphabet, maison mère de Google, Twitter, Amazon, Meta, maison mère de Facebook, ou encore Spotify, qui a annoncé lundi 23 janvier des centaines de suppressions d'emplois, les géants subissent de plein fouet la morosité économique mondiale. Cette vague de plans sociaux laisse plusieurs dizaines de milliers d'employés sur le carreau. Elle intervient après une grande vague d'embauches dans le secteur des technologies pendant la pandémie de Covid-19, lorsque les entreprises tentaient de répondre à l'explosion de la demande liée à l'essor du télétravail et aux divertissements à domicile.

Toutefois, selon le dernier rapport de la plateforme spécialisée ZipRecruiter, relayé par le Wall Street Journal (en anglais) fin décembre, 79% des travailleurs récemment embauchés dans le secteur ont mis moins de trois mois pour retrouver un poste, et 40% d'entre eux mettent moins d'un mois.

Alphabet : 12 000 licenciements

Alphabet, la maison mère de Google, a annoncé le 20 janvier la suppression d'environ 12 000 postes dans le monde, soit un peu plus de 6% de ses quelque 187 000 employés. "Au cours des deux dernières années, nous avons connu des périodes de croissance spectaculaires", a déclaré Sundar Pichai, patron d'Alphabet, dans un courriel adressé aux employés du groupe. "Pour accompagner et alimenter cette croissance, nous avons embauché dans un contexte économique différent de celui que nous connaissons aujourd'hui", a-t-il ajouté.

La conjoncture économique contraint l'entreprise à réduire ses effectifs. Si les salariés américains concernés ont déjà été notifiés, dans les autres pays, la procédure va prendre davantage de temps en fonction du droit local du travail.

Amazon : 18 000 licenciements

Le géant du commerce électronique Amazon a annoncé le 5 janvier qu'il allait supprimer "un peu plus de 18 000" emplois dans le monde, y compris en Europe, sur 1,54 million d'employés. Le plan de licenciement doit concerner principalement les magasins gérés par le groupe et les ressources humaines. "L'examen de notre planification annuelle (....) a été plus difficile cette année compte tenu de l'incertitude économique et du fait que nous avons embauché massivement au cours des dernières années", a déclaré dans un message envoyé aux employés le directeur général d'Amazon, Andy Jassy.

"Bien que l'ampleur des licenciements d'Amazon puisse choquer, il faut les replacer dans le contexte de l'expansion massive dans laquelle l'entreprise s'est engagée au cours des cinq dernières années", a déclaré l'analyste Neil Saunders de GlobalData. Pour répondre à l'explosion de la demande entre début 2020 et début 2022, le groupe avait doublé son personnel mondial.

Meta : 11 000 licenciements

Pour la première fois depuis la création de Facebook, Meta, la maison mère, qui gère également Instagram et WhatsApp, a annoncé en novembre dernier la suppression de 11 000 emplois, soit environ 13% de ses effectifs. Les licenciements concernent toutes les divisions, de Facebook à Instagram, du service de messagerie WhatsApp ou des employés développant le métavers. "Je veux assumer la responsabilité de ces décisions et de la façon dont nous en sommes arrivés là. Je sais que c'est difficile pour tout le monde et je suis particulièrement désolé pour ceux qui sont touchés", a écrit Mark Zuckerberg dans un message adressé aux salariés.

La société, qui comptait quelque 87 000 employés à travers le monde fin septembre, a fait état de performances financières décevantes au troisième trimestre 2022. Elle a aussi annoncé un gel des embauches jusqu'à fin mars 2023. "Meta fait face à la dure réalité post-pandémie (...) Elle pensait que la croissance du commerce en ligne continuerait dans la durée (...), donc elle a embauché et s'est lancée dans de nouveaux projets en croyant que les recettes publicitaires resteraient élevées", a commenté Debra Aho Williamson d'Insider Intelligence.

Microsoft : 10 000 licenciements

Le géant informatique américain Microsoft a annoncé le 18 janvier qu'il allait licencier environ 10 000 employés d'ici fin mars, soit un peu moins de 5% de ses 221 000 employés. "C'est le genre de choix difficiles que nous avons fait tout au long de nos 47 ans d'existence pour rester une entreprise importante dans un secteur qui ne pardonne pas à ceux qui ne s'adaptent pas aux changements de plateforme", a souligné le patron de Microsoft, Satya Nadella, dans une lettre aux employés.

Pour justifier une telle décision, le dirigeant a invoqué l'incertitude économique et les changements de priorités de ses clients. Si ces derniers "ont accéléré leurs dépenses informatiques pendant la pandémie", ils sont maintenant en train de chercher à les optimiser pour "faire plus avec moins", a-t-il souligné. Lors du Forum économique mondial de Davos, il a également pointé du doigt les effets de l'inflation sur la croissance économique.

Twitter : 3 200 employés

Le 27 octobre, Elon Musk annonce d'un tweet son rachat de Twitter. "L'oiseau est libre", clame-t-il. Le 4 novembre, l'ambiance est moins festive au moment de déclarer qu'environ 50% du personnel de la société allait être licencié. "Il n'y a malheureusement pas d'autre choix quand l'entreprise perd plus de 4 millions de dollars par jour" a-t-il déclaré. L'entreprise californienne comptait près de 7 500 salariés fin octobre.

Ces licenciements s'ajoutent aux milliers d'utilisateurs ayant quitté la plateforme pour montrer leur désaccord avec le rachat par le milliardaire. "Nous assistons à la destruction en temps réel de l'un des systèmes de communication les plus puissants au monde. Elon Musk est un milliardaire imprévisible et incohérent, il représente un danger pour cette plateforme qu'il n'est pas qualifié à diriger", a avancé Nicole Gill, cofondatrice de l'ONG Accountable Tech.

Snap : 1 200 employés

Evan Spiegel, le patron de Snap, maison mère de la populaire application de messagerie Snapchat, a annoncé en août une restructuration conduisant à la suppression d'environ 20% des effectifs, soit plus de 1 200 employés. Même si Snapchat compte de plus en plus d'utilisateurs – 363 millions d'utilisateurs quotidiens selon un décompte en octobre – la société est en difficulté, car elle génère des revenus de plus en plus faibles.

Ainsi, en 2021, malgré une hausse de 64% de son chiffre d'affaires, à 4,1 milliards de dollars (4,1 milliards d'euros), Snapchat a encore perdu 488 millions de dollars, rappelle Le Monde. Lors du dernier trimestre 2022, la plateforme a déçu avec un chiffre d'affaires de 1,1 milliard de dollars, en hausse, mais légèrement inférieur aux attentes du marché et des pertes nettes de 360 millions de dollars, quadruplées sur un an.

Spotify : 600 employés

Le numéro un mondial des plateformes audio, Spotify, a annoncé lundi la suppression de 6% de ses effectifs, soit près de 600 postes. Ce plan de licenciement est le plus gros de la jeune histoire de cette start-up suédoise fondée en 2006 à Stockholm, qui compte un demi milliard d'utilisateurs. Dans un message destiné aux employés et publié en ligne, son patron de 39 ans, Daniel Ek, a reconnu "un changement de culture" après des années de priorité à la croissance avant les profits. "Avec le recul, j'ai été trop ambitieux en investissant plus vite que notre croissance de chiffre d'affaires", a-t-il reconnu. Les entretiens individuels avec les employés concernés ont débuté lundi. Ce plan social devrait coûter 35 à 45 millions de dollars (41 millions d'euros) de compensations.

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