le 06/11/2024 à 11:32
Comment faire des économies ?
Sacré coup de tempête au Royaume-Uni depuis le 29 octobre : les taux d’intérêt de la dette britannique ont brutalement monté, atteignant 4,5% par an. En France, on est à 3,15%, les investisseurs rechignent désormais à prêter à Londres
C’est d’autant plus inquiétant pour le nouveau gouvernement de centre gauche que le pays a déjà connu un tel épisode il y a deux ans. À l’époque, la crise financière avait été telle que le gouvernement, celui de la conservatrice Liz Truss, avait été contraint de démissionner, trois mois après son installation.
Cette fois-ci, l’accès de fièvre est un budget, qui ressemble d'ailleurs étrangement à notre projet de budget. Des impôts, et quasiment les mêmes que chez nous : impôts sur les riches, contribution sur les compagnies d’énergies, augmentation des charges sociales sur les faibles salaires...
Et la ressemblance ne s’arrête pas là. Même dette (supérieure à 100% du PIB) même polémique sur le trou budgétaire laissé par les prédécesseurs et même montant considérable emprunté sur les marchés : 300 milliards d’euros pour la France en 2025, 300 milliards de livres pour la Grande-Bretagne.
On note tout de même deux différences importantes entre la France et le Royaume-Uni. D’abord, l’Angleterre augmente ses impôts et ses emprunts pour dépenser beaucoup plus, et investir dans la santé et l’éducation. Chez nous, la dépense est plus sage, elle progresse, mais de 2%, peu ou prou la valeur de l’inflation. On cherche surtout à réduire le déficit.
Ensuite, nous avons une protection dont ne dispose pas Londres : c’est l’union monétaire européenne, l’euro où, de facto, tous les membres sont solidaires. Nous utilisons donc la crédibilité des autres, celle de l’Allemagne, des pays du Nord, pour échapper à une punition violente qu’on aurait immanquablement subie si la France et le Franc avait été seuls.
Sommes-nous pour autant protégés des mésaventures britanniques ? Non. La meilleure preuve, c’est que nous avons déjà subi une punition, après la dissolution, lorsque nos taux ont fortement augmenté. Ils n’ont pas baissé depuis.
Nous avons un handicap par rapport au Royaume-Uni : notre gouvernement n’a pas d’assise politique, pas de majorité au Parlement, ce n’est pas du tout le cas des Travaillistes, qui ont obtenu l’une des plus fortes majorités parlementaires de leur histoire. Or, toutes les crises financières ont un déclencheur politique, et de ce point de vue la France est vulnérable.
Ensuite, les désagréments britanniques signalent que les investisseurs, ceux qui prêtent de l’argent aux états surendettés comme l’Angleterre et la France, sont de plus en plus nerveux devant le rétrécissement de nos marges de manœuvre budgétaires. Et qu’ils commencent à craindre vraiment de ne pas être remboursés.