le 24/10/2024 à 20:58
La raison qui nous pousse à massacrer nos ongles reste encore difficile à déterminer. Mais les chercheurs ont quelques pistes… Quelles sont les causes de l’onychophagie ? Est-ce considéré comme un trouble obsessionnel compulsif (TOC) ? Comment y remédier ? Quelles sont les solutions proposées ? Réponses.
Qu’est-ce qui nous pousse à nous ronger les ongles et les petites peaux ? Les experts ne connaissent pas encore la raison exacte du rongement des ongles. Quelques pistes ont toutefois été avancées.
L’onychopahie, c’est quoi exactement ?
L’onychophagie est l’acte de se ronger les ongles. On a beau détester cette habitude, il n’est pas toujours facile d’arrêter ! Cette habitude concernerait entre 20 à 30 % de la population, et 45 % seraient des adolescents, indique le site The Verge.
Est-ce que se ronger les ongles est un TOC ?
L’onychophagie est un CRCC ou « Comportements Répétitifs Centrés sur le Corps ». Les personnes souffrant de CRCC « effectuent des gestes qui impliquent une partie de leurs corps, tels que se ronger les ongles, se mordiller les lèvres ou l’intérieur des joues et tentent de façon répétée de mettre un terme au comportement », explique un article du Manuel MSD (source 1).
L’onychophagie est répertoriée dans « TOC apparentés » dans la partie « Autre trouble obsessionnel compulsif ou apparenté spécifié », et « Comportements Répétitifs Centrés sur le Corps », dans la cinquième et dernière édition du Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders (Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux) ou DSM-5.
La trichotillomanie (arrachage des cheveux) et la dermatillomanie sont également des CRCC classés dans le DSM-5.
Pourquoi se ronge-t-on les ongles ?
Si vous pensez que le fait de se ronger les ongles est un simple signe de nervosité ou d’anxiété, détrompez-vous. Des études nous prouvent que ce n’est pas toujours le cas. Certaines personnes se rongent les ongles quand elles s’ennuient, quand elles ont faim, quand elles sont frustrées ou lorsqu’elles se concentrent sur des tâches difficiles. Ce geste apporte une forme de détente et de réconfort. Il semblerait que ce plaisir soit lié à une hormone anti-douleur particulière : l’endorphine.
Chez des rongeurs à qui des chercheurs ont bloqué la production d’endorphine, les gestes de toilettage ont augmenté, afin de compenser. Lorsque nous mordons nos ongles, ce qui est considéré par les spécialistes comme une forme de toilettage, nous pouvons ainsi en tirer une certaine forme de plaisir, explique The Verge. Cette explication permet également de mieux comprendre le mécanisme qui se met en place au cours de situations stressantes ou de tâches à accomplir : mordiller les ongles apporte du réconfort.
Cette théorie de « l’apaisement » serait confirmée par des recherches qui ont établi le lien entre le fait de se ronger les ongles et le perfectionnisme. Vouloir planifier, anticiper, et devoir vivre de nombreux moments de frustration peut être accompagné par ce geste, qui aide à calmer l’irritationnerveuse. D’autres études ont montré que les personnes qui se rongent les ongles pourraient être prédisposées génétiquement.
Un trouble qui apparaît généralement dans la petite enfance
« Les très jeunes enfants ont en effet tendance à utiliser les lèvres, aux tissus nerveux plus denses, pour toucher le monde qui les entoure », explique l’AFCRCC (Association Francophone des Comportements Répétitifs Centrés sur le Corps) (source 2). De plus, « les doigts sont constamment et immédiatement à portée de la bouche ».
Se ronger les ongles : quelles sont les conséquences ? Les dangers ?
Mais, que la cause soit neurologique ou nerveuse, le constat est le même : se ronger les ongles peut avoir des effets néfastes sur la santé. Tout d’abord, des ongles rongés peuvent contribuer à dégrader l’image et peuvent affecter la confiance en soi, explique l’AFCRCC. Sans compter que l’ongle s’installe dans un état d’inflammation chronique. Dans les cas prolongés, sa structure profonde peut être modifiée et l'ongle peut être déformé de manière permanente.
Outre le fait qu’on abîme ses dents, sa mâchoire et ses ongles, on mélange les deux parties les plus « sales » de notre corps, à savoir, la bouche et les mains. La partie sous les ongles est un excellent terrain de reproduction pour les bactéries.
Un risque d’infection
Lorsqu’on ronge l’ongle, les bactéries s’accrochent aux dents, et ont accès à notre organisme. La bactérie E.Coli, par exemple, peut provoquer des troubles gastro-intestinaux, comme des nausées et de la diarrhée. Les verrues et l’herpès peuvent également circuler de cette façon.
L’onychophagie peut également causer une infection de l’ongle par un champignon microscopique (onychomycose), une pigmentation noire ou brune de la plaque de l’ongle (mélanonychie), des répercussions dentaires…
Comment faire pour arrêter de se ronger les ongles ?
Il ne reste plus qu’à trouver la solution la plus adaptée pour se débarrasser de cette mauvaise habitude : porter des gants, se scotcher le bout des doigts, utiliser une boule antistress, mettre du vernis au goût amer pour arrêter de se les ronger, apprendre à méditer… c'est à vous de choisir !
Si cela ne suffit pas, et que l’onychophagie impacte votre vie quotidienne, une TCC ou thérapie cognitivo-comportementale qui se concentre spécifiquement sur le trouble du comportement répétitif centré sur le corps, est souvent recommandée. « Le type de thérapie cognitivo-comportementale le plus largement recommandé est la technique de renversement des habitudes », indique le Manuel MSD.
« L’objectif de la thérapie est d’abandonner ce comportement et de soulager la détresse qui peut y être associée, ou qui peut pousser la personne à faire ce geste », indique l’AFCRCC.