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Hélène, 36 ans, craint que son conjoint se lasse d’elle : « J’ai peur qu’un jour ma présence lui soit intolérable »

Partage(s) – Hélène, 36 ans, craint que son conjoint se lasse d’elle : « J’ai peur qu’un jour ma présence lui soit intolérable »

 

J’ai rencontré Joseph* il y a six ans. Je n’aurais jamais pensé qu’une relation puisse être aussi épanouissante et empreinte de sérénité. Entre nous, ça roule. « On vogue sur une mer d’huile », voilà d’ailleurs ce que j’ai l’habitude de dire à mes copines.

Nous passons beaucoup de temps ensemble et nous sommes très complices. D’ailleurs, Je ne peux même pas dire qu’en six ans on se soit déjà vraiment pris la tête. Ma relation avec Joseph coche toutes les cases : nous sommes doux, complices, on se comprend et on se soutient.

« J’ai peur (…) que, subitement, ma présence lui soit intolérable »

Pourtant, il y a bien une ombre au tableau. Et elle vient de moi. Tout ce bonheur est parfois entaché par une peur irrationnelle et incontrôlable : celle que Joseph finisse par se lasser de moi. Classique, me direz-vous. Tous les couples redoutent probablement que le charme soit rompu à un moment ou à un autre.

En réalité, je ne crains pas que Joseph tombe dans les bras d’une autre, non. Ce qui m’effraie le plus, c’est l’érosion de notre relation. Comme si notre amour pouvait diminuer, s'essouffler au fil du temps… Jusqu’à ne plus exister, à force de se frotter aux affres du quotidien. J’ai peur que l’on ne se plaise plus, que l’on ne se regarde plus, que l’on trouve moins de choses à se dire. « Que l’on devienne des étrangers », voilà ce que je dis souvent.

Mais j’ai surtout peur qu’un jour, Joseph se réveille avec la sensation viscérale de ne plus pouvoir m’encadrer. Plus me voir en peinture. Que subitement, ma présence lui soit intolérable.

« Je sombre dans la spirale infernale «

Rien de tout cela n’est lié à Joseph ou à son attitude. Il n’est pas du genre à jouer avec mes insécurités et à souffler le chaud et le froid. C’est une personne loyale et droite.

Certains diraient que je souffre d’une peur de l’abandon ; ce n’est pas faux mais il n’y a pas que ça. Je dirais qu’il y a quelque chose qui relève d’un besoin perpétuel de validation. De réassurance.

Souvent, je me surprends à guetter le moindre signe qui pourrait me laisser penser que Joseph commence à se lasser de moi. Tout peut me faire basculer en phase d’angoisse : un petit accroc, des conversations moins animées, une pensée parasite…

Parfois, j’arrive à prendre du recul et à me raisonner. Mais d’autre fois, je sombre dans la spirale infernale. Dans ces moments-là, je passe en mode « ultra-vigilance ». J’analyse tout, je regarde tout à la loupe. Comme si j’essayais de résoudre quelque chose qui, en réalité, n’existe pas.

« C’est probablement là que cette crainte de ne pas être assez ou de ne pas être assez bien s’est ancrée en moi »

Quand j’y pense, je n’arrive pas à donner une origine précise à cette peur. Est-ce que cela pourrait être lié à mon enfance ? Peut-être que ma peur de l’abandon vient de là. De ces quelques jours en couveuse, loin de ma mère et de ma famille.

Peut-être que mon besoin d’être rassurée vient de ma place dans la famille : je suis la dernière d’une fratrie de trois. Peut-être que c’est aussi lié à ma relation avec ma sœur. Petite, elle pouvait être imprévisible : certains jours, elle m’acceptait, et on passait des heures à jouer ensemble ; d’autres fois, elle me repoussait sans raison. Chaque rejet était pour moi une vraie incompréhension : pourquoi, tout à coup, elle ne voulait plus de moi ? C’est probablement là que cette crainte de ne pas être assez ou de ne pas être assez bien s’est ancrée en moi.

« Je me pose tellement de questions que je ne sais plus qui je suis ni ce que je veux vraiment »

Toujours est-il que je me sens souvent prise entre deux eaux ; entre ce besoin incessant de validation et cette peur d’étouffer l’autre.

Par moments, je me dis que je dois tout faire pour montrer à Joseph que je l’aime. Je suis cette compagne parfaite, attentive, drôle et je veille à ne jamais rien lui imposer. À faire comme il le veut, lui ! Et en même temps, je crains de l’étouffer avec trop d’attention, de devenir trop envahissante, pas assez ceci, trop cela.

C’est vraiment épuisant. Et mes réactions ne sont plus naturelles. Je me pose tellement de questions que je ne sais plus qui je suis ni ce que je veux réellement. Cette dualité est éreintante, autant pour moi que pour Joseph.

Car quand je suis en phase d’angoisse ou d’hyper vigilance, tout devient noir… Dans les premiers temps, je refoule mon stress, mais à l’intérieur, je rumine. Et puis j’explose. Et Joseph me ramasse à la petite cuillère. Je sais qu’il se sent impuissant et que parfois, mon besoin de réassurance lui pèse. Je ne peux que le comprendre.

« Je suis toujours sur le qui-vive »

Mais cette angoisse dépasse aussi le cadre du couple. Ce schéma, je le retrouve parfois dans mes relations amicales et familiales. Il suffit d’un rien pour que je doute : est-ce que je n’ai pas parlé à ma mère de manière trop vindicative ? Ma meilleure amie tarde à me répondre ; est-ce que j’ai dit quelque chose de travers ? Est-ce que je suis assez présente ? Trop envahissante ? J’ai du mal à supporter l’idée de voir une relation importante s’effriter, même si, la plupart du temps, mes inquiétudes sont sans fondement.

Je suis toujours sur le qui-vive. C’est comme si je me regardais sans cesse d’un point de vue extérieur. Je me juge en permanence. Je guette le moindre geste qui pourra expliquer pourquoi l’autre se lasse et s’en va. Ce qui me laissera avec la conclusion d’avoir fait quelque chose de mal ou de n’être pas suffisante.

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« Je comprends que je ne pourrai en guérir toute seule »

Au fond, cette peur est probablement une force, d’une certaine manière. Elle me pousse à être attentive aux autres, à leurs besoins. Et surtout à ne jamais rien prendre pour acquis ! Mais cette ultra vigilance est un vrai fardeau pour moi.

Aujourd’hui, bien que j’aie conscience de mes angoisses, je comprends que je ne pourrai en guérir toute seule. J’ai besoin de me faire accompagner par un psy pour apprendre à briser ce schéma ; peut-être à mieux comprendre d’où il vient. Je ne veux pas prendre le risque que cette peur nuise à mes relations… Et me fasse tout perdre !

Date de dernière mise à jour : 26/11/2024

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