le 12/10/2024 à 11:39
Les lieux où les médecins font leurs gardes doivent être mieux sécurisés estime le syndicat MG France. © Maxppp - Pierrick DELOBELLE
La sécurité des lieux où les généralistes font leurs gardes, le soir et le week-end, pose question après la grave agression dont a été victime une médecin à Bouaye. Un jeune homme de 23 ans, qui cherchait de la drogue, s'en est pris à cette femme de 35 ans dimanche dernier, il a tenté de la violer. Elle a réussi à se réfugier chez une voisine et lui a été arrêté. Elle était seule dans le centre d'accueil et de permanence des soins de la ville, quand ça s'est passé, comme c'est toujours le cas. Et c'est bien le problème pour la représentante du syndicat MG France en Loire-Atlantique, Fabienne Yvon, qui était l'invitée de France Bleu Loire Océan, ce mercredi matin.
"Beaucoup de jeunes femmes ne font pas de gardes du fait de ce sentiment d'insécurité"
"Clairement, la sécurisation des lieux de garde n'est actuellement pas suffisante. Ce sont des choses qui sont mises sur la table régulièrement et qui nécessitent, de la part des pouvoirs publics, de prendre en main les choses et de faire un audit. Nous le réclamons sur le plan technique, sur le plan juridique, pour améliorer la sécurisation des lieux de garde. Car je pense que beaucoup de jeunes femmes, probablement, ne s'impliquent pas dans les gardes du fait de ce sentiment d'insécurité."
"Quand vous sortez à minuit, personne ne peut vous entendre si vous criez"
Plusieurs solutions sont envisageables pour Fabienne Yvon : "Il faut savoir que dans les établissements de soins, ils ont des vigiles, ce que nous n'avons pas, nous. Il faut qu'il y ait un contact rapide, que ce soit sur un bouton d'urgence avec un vigile qui est en proximité. Il faut savoir que certains lieux de garde sont isolés : certains sont soit adossés, mais un peu loin de l'hôpital. Je prends l'exemple du centre de permanence des soins de Saint-Herblain : on est dans un local, dans le noir, le soir, derrière l'hôpital Laennec. Et là, je peux vous dire, quand vous sortez à minuit, il n'y a personne. Personne ne peut vous entendre si vous criez. Donc il y a effectivement un problème de sécurisation et qu'il faut absolument prendre en compte pour permettre une garde qui se déroule avec sérénité. Là, effectivement, cet événement va être la goutte de plus pour angoisser les collègues féminins comme masculins."
Hausse des agressions de 23% entre 2021 et 2022
D'autant en plus que si les agressions comme celle de Bouaye restent rares, les plus petites comme les insultes et les menaces sont toujours régulières. "Il y a une enquête extrêmement intéressante du Conseil national de l'Ordre qui a été faite en 2022, avec une augmentation importante de plus de 23 % entre 2021 et 2022. Il faut savoir qu'en Loire-Atlantique, il y avait eu en 2022 près de 40 signalements auprès du Conseil de l'Ordre. Sachant que ces signalements ne vont pas, systématiquement vers le dépôt de plainte. C'est le cas pour à peine un tiers. Les menaces, les insultes, ça représente à peu près 70 % des cas. Les agressions physiques, c'est 7 % et, parmi celles-là, moins de 1 % sont des agressions sexuelles."