It’s a Sin, la nouvelle pépite du créateur de «Years and Years»

le 12/04/2021 à 12:26

 

Les acteurs de << It's a Sin >> : David Carlyle, Callum Scott Howells, Olly Alexander, Lydia West et Nathaniel Curtis.

 

Russell T Davies signe une minisérie autobiographique de cinq épisodes sur le Londres des années 1980 et les premières années du sida. Choc et bouleversant.

#Séries

« C'est une arnaque des labos. Tu y crois, toi, à cette maladie qui tue seulement si tu es gay ? Et les bis, alors, ils sont malades un jour sur deux ? » « Et les Haïtiens ? Et les hémophiles ? En fait, c'est ça, la maladie cible la lettre H… À qui le tour ? Les habitants de Harlepool, de Hampshire, de Hull… ? » Attention, Russell T Davies, le créateur du dystopique Years and Years, est de retour avec une nouvelle minisérie coup de poing ! It's a Sin, qui emprunte son nom à un morceau des Pet Shop Boys numéro 1 des ventes au Royaume-Uni en 1987, raconte, sans fard, l'apparition du sida en Angleterre au début des années 1980.

Ritchie, Roscoe, Colin, Jill et Ash ont dix-huit ans, ils ont la vie devant eux, l'insouciance de la jeunesse, et comptent bien profiter du vent de liberté qui souffle sur la décennie. Mais peu à peu, les certitudes et les folles soirées londoniennes que le groupe d'amis organise dans leur collocation, le « Pink Palace », vont être ébranlées par l'apparition de ce mal mystérieux, ce « cancer gay » qui commence à décimer la communauté. « J'ai regardé ailleurs pendant des années, confiait en janvier le scénariste gallois à la presse anglo-saxonne. Et enfin, je peux mettre le sida au cœur d'une fiction. » Il lui aura donc fallu quarante ans pour raconter ce silence de plomb, l'omerta des médias et des politiques, les pompes funèbres qui refusent d'enterrer les corps de peur de voir leurs employés contaminés, les familles qui nient l'homosexualité de leurs enfants, les malades qui fuient la ville pour rentrer mourir loin des regards, la honte, la solitude. Et l'ignorance surtout.

 

Du rire aux larmes

Comment cette maladie se diffuse-t-elle ? À l'époque, personne ne sait. Le sida n'est alors qu'une vague rumeur, une légende urbaine venue d'Amérique, qui gagne les bars et les discothèques à coups de prospectus qui finissent piétinés sur le dancefloor. Russell T Davies, qui avait, comme ses personnages, 18 ans en 1981, se souvient particulièrement de ce déni dans lequel s'était elle-même enfermée la communauté LGBT. « Au début, tout le monde croyait à une manipulation anti-homosexuels. Lorsqu'on s'est rendu compte que ce n'était pas le cas, bien sûr, c'était trop tard. » Le showrunner, à qui l'on doit aussi la résurrection de Doctor Who au début des années 2000 et l'excellente Queer as Folk, s'est en partie inspiré d'une de ses meilleures amies, Jill Nalder – qui incarne la mère de son double de fiction dans la série. « Elle a été plus investie que moi. Elle a bien plus de mérite dans le sens où elle a passé plus de temps que moi sur le front du sida, raconte-t-il dans le dossier de presse. Beaucoup de femmes ont été et sont toujours importantes dans la lutte contre le sida, et je crois que cela n'avait pas été suffisamment montré à l'écran. »

En cinq épisodes, qui font passer du rire aux larmes, de la comédie au tragique, de la comédie musicale au conte sociologique, It's a Sin parvient à saisir ce subtil basculement qui a fait passer le virus d'une menace souterraine et incomprise à la pandémie que l'on sait. D'abord refusée par la BBC et ITV, finalement hébergée par Channel 4 et sa plateforme de streaming All 4, la minisérie a battu son record de visionnages avec 6,5 millions de téléspectateurs britanniques en un mois. Une claque qui pourrait bien séduire à son tour le public français. Comme un préquel de 120 battements par minute, le film bouleversant de Robin Campillo couvert de prix en 2017.

It's a Sin, série britannique de Russell T Davies (2021) depuis le 22 mars sur Canal+.

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