le 13/09/2024 à 16:49
«Il n'existe aucune possibilité de présenter un plan de redressement permettant d'apurer le passif», a estimé le tribunal de commerce de Nanterre.
La crise du prêt-à-porter milieu de gamme vient de faire une nouvelle victime. Moins de deux mois après son redressement judiciaire, la marque Esprit a été placée en liquidation judiciaire en France. « L'activité ne peut plus être poursuivie et (…) il n'existe aucune possibilité de présenter un plan de redressement permettant d'apurer le passif », estime le tribunal de commerce de Nanterre dans sa décision du 9 septembre. À la tête d'un chiffre d'affaires de 32 millions d'euros, l'entreprise employait 145 personnes dans l'Hexagone, où elle comptait une centaine de points de vente.
Fondé en 1968 à San Francisco par un couple américain de hippies qui se sont lancés en sillonnant la Californie à bord d'un minibus Volkswagen, Esprit va mal depuis des années. Basé en Allemagne et coté à la Bourse de Hongkong, le groupe avait déjà supprimé un tiers de ses effectifs et fermé une centaine de boutiques pendant le Covid. Sans parvenir à se relancer. En mai, le groupe a déposé le bilan pour ses activités en Europe. Sa direction expliquait à l'époque qu'Esprit avait de l'avenir, grâce à l'arrivée de nouveaux investisseurs.
Esprit n'a pas su se réinventer face à l'essor de l'ultra-low cost, qui torpille le milieu de gamme. La marque a aussi souffert d'une augmentation générale des coûts (main-d'œuvre, énergie, matières premières)
Certains avaient même exprimé leur intérêt, affirmait-elle. Las. Comme ses concurrents au tapis (Burton, Cop Copine…), Esprit n'a pas su se réinventer face à l'essor de l'ultra-low cost (Shein, Temu), qui torpille le milieu de gamme. La marque a aussi souffert d'une augmentation générale des coûts (main-d'œuvre, énergie, matières premières). Mais sa situation a été aggravée par des mauvais choix stratégiques. Elle a insuffisamment investi dans internet, alors même que son réseau de magasins laissait à désirer (loyers trop élevés, surfaces de vente inadaptées).
Esprit de Corp France, basé à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine), avait été placé en redressement judiciaire le 18 juillet. "À la date de clôture du dernier exercice social", l'entreprise employait en France 145 salariés et son chiffre d'affaires annuel s'élevait à près de 32 millions d'euros, pouvait-on lire dans la décision de redressement judiciaire de juillet. La marque était alors présente dans plus d'une centaine de points de vente en France, selon son site consulté en juillet.
Enseigne fondée par un couple de hippies
Le groupe, basé en Allemagne et coté à la Bourse de Hong Kong, avait annoncé en mai qu'il avait déposé le bilan pour ses activités en Europe, tablant sur une restructuration pour surmonter ses difficultés, liées notamment à la hausse de ses coûts et aux séquelles de la pandémie de Covid-19.
Le dépôt de bilan concerne la filiale Esprit Europe et six autres sociétés allemandes du groupe. Les filiales en Suisse et en Belgique, où Esprit a aussi des magasins, avaient déposé le bilan en mars et en avril.
Cette enseigne de vêtements a été fondée en 1968 à San Francisco par un couple américain hippie, Douglas et Susie Tompkins -également à l'origine de la marque The North Face- qui vendaient leurs premiers articles en sillonnant la Californie à bord d'un minibus Volkswagen.
Les fondateurs ne sont plus aux commandes depuis longtemps. Le groupe est coté depuis 1993. Son siège est situé en Allemagne à Ratingen, près de Düsseldorf (ouest du pays). Esprit indique être présent dans plus de 40 pays avec 586 magasins.
De nombreuses enseignes de prêt-à-porter, comme Naf-Naf, Burton of London ou Camaïeu (qui renaît chez Celio) ont déjà mis la clé sous la porte.