Le dépôt de bilan de André, COVID-19

le 09/04/2020 à 11:25

 

Un magasin de chaussures André à Dunkerque en janvier 2017.

 

Un magasin de chaussures André à Dunkerque en janvier 2017.

 

L'entreprise, qui compte 600 salariés et 150 boutiques s'est vue refuser un prêt par la Banque publique d'investissement (BPI).

 

Le dépôt de bilan de André, nouvelle alerte pour les entreprises les plus fragiles

Une entreprise presque centenaire est la première de taille significative à se déclarer en cessation de paiements depuis le début de l’épidémie de Covid-19. Le distributeur de chaussures André, créé en 1930, a déposé son bilan devant le tribunal de commerce de Grenoble le 31 mars. Deux semaines sans activité auront, semble-t-il, été fatales au chausseur, qui était déjà en difficulté. L’an dernier, l’entreprise avait perdu 10 millions d’euros pour 100 millions de chiffre d’affaires. André a été racheté au groupe Vivarte (La halle aux chaussures, Caroll, Minelli) en janvier 2018 par le distributeur de chaussures en ligne Spartoo. Depuis, son nouveau dirigeant, Boris Saragaglia, affirme avoir investi 13 millions d’euros pour relancer l’enseigne. La crise sanitaire l’a cependant conduit à une impasse : «Avec la fermeture des magasins, nous perdons 250 000 euros par jour et nous devons en même temps faire face à 15 millions de charges, notamment pour payer à nos fournisseurs le stock de chaussures», a expliqué Saragaglia.

Pour poursuivre son activité, il se tourne alors vers la banque publique d’investissement (BPI) et sollicite un prêt de 12 millions d’euros. «Ils ont renfloué une entreprise comme Vallourec, mais avec nous ils n’ont pas joué le jeu», indique le dirigeant, qui précise avoir appris le refus de financement d’un simple mail de quelques lignes. De son côté la BPI considère que la situation fragile d’André ne permettait pas l’octroi de ce prêt. La banque se dit en revanche prête à examiner un financement pour la maison mère d’André, Spartoo, en meilleure santé financière. Au ministère de l’Economie, qui assure la tutelle de la BPI, on précise qu’André, entreprise en difficulté, «a déjà été prise en charge par le comité interministériel de restructurations industrielles» (CIRI) et a déjà bénéficié de l’aide de l’Etat. «Comme ils ne peuvent pas creuser le passif et qu’il est difficile de trouver un repreneur en ce moment, l’avenir semble en effet compliqué», précise une source à Bercy.

Quelles entreprises aider pendant la crise ?

Un sentiment partagé par Boris Saragaglia : «Nous n’avons jamais connu une telle situation, dans laquelle nous ne pouvons pas augmenter notre passif et en même temps, nous n’avons pas de chiffre d’affaires du fait de la fermeture des magasins.» Il met en outre en garde contre l’effet domino du dépôt de bilan d’André : «Je pense à toutes les entreprises qui sont en difficulté. Il ne faut pas les abandonner. Quand une entreprise comme la nôtre est en défaillance, c’est toute la chaîne d’approvisionnement qui en prend un coup

D’autres entreprises, déjà en situation difficile, pourraient se retrouver dans la même situation qu’André si elles ne sont pas soutenues d’une manière une d’une autre. C’est précisément la crainte exprimée par Patrick Puy, dirigeant multicasquettes de plusieurs sociétés en difficulté : «Il y a des entreprises qui dépassent le milliard d’euros de chiffre d’affaires qui ne survivront pas à la crise.» Cette inquiétude pose en tout cas la question du périmètre des aides de l’Etat pendant la période de confinement et de mise à l’arrêt d’une grande partie de l’économie française. Ainsi, les prêts garantis par la puissance publique, à hauteur de 300 milliards d’euros doivent-ils être réservés aux entreprises bien portantes en mal de trésorerie, ou également à celles déjà en difficultés, dont l’avenir est grandement menacé. «Aucune entreprise ne sera livrée au risque de faillite», avait assuré, le 17 mars, le ministre de l’Economie Bruno Le Maire.

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