Lâchés par le gouvernement, les salariés de 60 Millions de consommateurs « sidérés » par la revente du magazine

le 20/11/2024 à 21:23

C'est une annonce violente pour la cinquantaine de salariés du magazine 60 millions de consommateurs qui voient dans cette vente un risque sur l'indépendance de leurs articles.

La politique de privatisation du gouvernement d’Emmanuel Macron se poursuit… Avec une baisse des subventions depuis quelques années, la publication âgée de 54 ans de l’Institut national de la consommation va se retrouver gérer par une société privée. L’Etat veut en effet trouver un repreneur pour le magazine 60 Millions de consommateurs, édité par un établissement public depuis 1970, en mettant en avant ses difficultés tandis que salariés et même l’ancienne ministre déléguée Olivia Grégoire déplorent cette décision.

Pour l’ancienne ministre chargée des sujets de consommation, Olivia Grégoire, 60 Millions de consommateurs est « le titre d’information du consommateur » qui présente « les meilleures garanties de qualité, de neutralité et d’indépendance ». Le magazine est édité depuis 1970 par l’Institut national de la consommation (INC), un établissement public basé à Malakoff, dans les Hauts-de-Seine, et qui emploie une cinquantaine de personnes.

Alors que les représentants du personnel ont alerté à plusieurs reprises ces derniers mois au sujet d’une dégradation de sa santé financière, le cabinet de la secrétaire d’Etat à la consommation Laurence Garnier a annoncé lundi à l’AFP que l’Etat « souhaite engager » des « démarches en vue de trouver un repreneur pour le magazine ».

64.000 abonnés en moins en cinq ans

« La pérennité du titre passe par un repreneur professionnel et expert du secteur, capable notamment d’investir dans le numérique et d’impulser une nouvelle stratégie marketing et commerciale », précise encore le cabinet de Laurence Garnier, observant que le magazine rencontre « depuis plusieurs années » des « difficultés majeures », avec un nombre d’abonnés passés de 140.000 en 2019 à 76.000 en 2024, et « un déficit persistant depuis sept ans, qui a épuisé sa trésorerie ».

Point non négligeable, dans un contexte de recherche d’économies pour l’Etat, « cette évolution du statut du magazine contribuera par ailleurs à optimiser l’utilisation des deniers publics ». Un rapport parlementaire en 2022 mentionnait déjà une « baisse progressive du montant de subvention » à l’INC entre 2012 et 2020, passé de 6,3 millions d’euros à 2,7 millions d’euros.

Une annonce « désastreuse » pour les consommateurs

Pour les représentants des salariés, c’est la « sidération ». Début novembre, ils avaient appelé le Premier ministre Michel Barnier à poursuivre dans la voie choisie par le gouvernement dirigé par Gabriel Attal, celle d’un « scénario de rebond de l’INC » via un « abondement financier de l’Etat à hauteur de 3,2 millions d’euros ».

« La première secrétaire d’État exclusivement dédiée à la consommation va-t-elle sonner le glas de l’Institut national de la consommation ? Que deviendra 60 Millions de consommateurs sans ingénieurs, juristes, économistes… Tous ces corps de métiers qui travaillent pour le journal depuis longtemps ? Que deviendra l’INC sans son principal média ? », s’interrogent les représentants du personnel, demandant « le maintien et l’application du plan Olivia Grégoire ».

Dans un communiqué transmis à l’AFP, cette dernière a déclaré : « Je déplore amèrement que l’arbitrage que j’avais pu obtenir » en faveur d’une relance du titre via un investissement de l’Etat « n’ait pas été maintenu ». Elle a adressé ses « pensées » « aux salariés de l’INC, ainsi qu’aux consommateurs qu’ils se sont toujours attaché à informer de leur mieux ».

Date de dernière mise à jour : 20/11/2024

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